Photo : Maxime Bogodvid / Ria Novosti
Le 6 janvier 2025 marque une étape historique pour l’Indonésie, qui devient officiellement membre des BRICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, ainsi que l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie), rejoignant ainsi un bloc clé de l’économie mondiale. L’annonce, faite lors de la présidence tournante du Brésil, symbolise l’intégration croissante des pays émergents dans le remodelage de l’ordre mondial.
Jakarta a dit considérer son adhésion aux BRICS comme « une étape stratégique pour améliorer la collaboration et la coopération avec d’autres pays en développement, basée sur le principe d’égalité, de respect mutuel et de développement durable ». La candidature de l'Indonésie avait été approuvée lors d'un sommet des BRICS en 2023, à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Avec cette adhésion, l’Indonésie, déjà membre du G20, renforce son positionnement sur la scène internationale. Selon le président indonésien, cette intégration ouvre la voie à une coopération économique renforcée avec les puissances émergentes, tout en consolidant ses ambitions de diversification de ses partenariats stratégiques. L’Indonésie met en avant sa volonté de maintenir une politique de non-alignement, tout en participant activement aux initiatives de développement durable, d’énergie verte et d’infrastructure globale promues par le bloc.
Cette politique étrangère est basée sur le principe de la liberté active et assume la neutralité à l'égard des conflits russes, de l'Ukraine et de la concurrence entre les États-Unis et la Chine. Dans le même temps, le président Prabowo est enclin à établir des relations plus étroites avec la Russie, même face aux réactions négatives de l'Occident. Les exercices militaires conjoints entre la marine indonésienne et la marine russe, qui se sont déroulés du 4 au 8 novembre 2024 à Surabaya, dans l'est de Java, et dans les eaux de la mer de Java, ont confirmé la coopération militaire stratégique et renforcé les capacités opérationnelles des deux flottes. Leur nom, « Orruda 2024 », fait référence aux emblèmes des deux pays : l'aigle russe et l'oiseau indonésien Garuda.
Les BRICS représentent actuellement près de 40 % de la population mondiale et 35 % du PIB mondial, ce qui en fait un acteur important sur la scène géopolitique. Pour Jakarta, rejoindre ce bloc offre l’opportunité d’élargir ses échanges commerciaux et d’accéder à des projets de financement alternatifs, comme le Nouveau Fond de Développement (NDB), visant à réduire la dépendance envers les institutions occidentales traditionnelles.
Cependant, certains analystes soulignent que l’Indonésie devra naviguer avec prudence dans un bloc où la Chine et la Russie jouent des rôles dominants, tandis que les divergences internes des BRICS restent un défi à long terme.
Cette adhésion témoigne de l’attractivité grandissante des BRICS pour les économies en développement. À l’heure où les tensions entre blocs géopolitiques s’intensifient, les BRICS cherchent à élargir leur influence, notamment en intégrant des nations stratégiques comme l’Indonésie. L’initiative reflète également la quête d’une gouvernance mondiale multipolaire, offrant aux pays émergents une voix plus forte face aux institutions dominées par l’Occident, telles que le FMI ou la Banque mondiale.
Si les BRICS célèbrent cet élargissement, les réactions internationales divergent. Les États-Unis et l’Union européenne observent cette dynamique avec prudence, percevant les BRICS comme un outil de contrepoids face à l’hégémonie occidentale. Lors du dernier sommet des BRICS, en novembre, à Kazan, en Russie, les pays du bloc ont évoqué la possibilité de se passer du dollar américain comme devise de référence pour ces échanges. Suite à cela, le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé les pays du groupe de « tarifs douaniers de 100 % » s'ils créaient « une nouvelle monnaie des BRICS » pour remplacer le dollar.
De son côté, Moscou a salué l’adhésion indonésienne comme une victoire symbolique pour le Sud global dans un contexte de confrontation géopolitique accrue.
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