La Corée du Nord et la Russie : une alliance croissante au cœur du conflit en Ukraine

Image : Vladimir Smirnov / POOL / AFP

Depuis plusieurs mois, des informations troublantes concernant l’implication militaire de la Corée du Nord aux côtés de la Russie dans la guerre en Ukraine suscitent l’inquiétude au niveau international. Si Moscou et Pyongyang ont toujours nié l’envoi de troupes nord-coréennes, plusieurs sources diplomatiques et rapports militaires suggèrent une coopération grandissante entre ces deux régimes, y compris l’envoi possible de soldats pour soutenir les forces russes.

Selon des informations récentes, il est « très probable » que 1 500 soldats nord-coréens soient déjà présents en Ukraine pour soutenir la Russie dans ses opérations militaires contre Kiev. De plus, il est prévu d'impliquer jusqu’à 12 000 soldats nord-coréens pour se battre du côté russe. Cette analyse est soutenue par Séoul, qui a publié un rapport le 8 octobre 2024, dans lequel elle voit dans cette implication une étape supplémentaire dans l’alliance entre Moscou et Pyongyang, accentuant la militarisation de cette relation. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi à ces déclarations en ajoutant, qu’il “ne s’agit plus seulement du transfert d'armes. Il s'agit de l'envoi de personnes de Corée du Nord dans les forces armées de l'occupant.”

Du côté des autorités nord-coréennes, cette coopération est présentée sous l’angle de la résistance commune à l’impérialisme occidental. En juin 2024, Kim Jong-un a salué l’alliance stratégique avec Moscou, notamment à travers des livraisons de missiles et d'armes.

Ce soutien, s’il est avéré, pourrait représenter une escalade majeure dans le conflit, attirant ainsi des critiques de la part de la communauté internationale. Pour l’OTAN, l’implication directe de la Corée du Nord dans ce conflit serait une évolution préoccupante, aggravant la dynamique de la guerre.

La présence des soldats nord-coréens en Ukraine peut servir d’un véritable terrain d’entraînement. Lim Eul-chul, professeur à l'Institut d'études de l'Extrême-Orient de Séoul, explique “qu’il est crucial [pour la Corée du Nord] d'apprendre à manier différentes armes et d'acquérir une expérience réelle du combat.” La présence de la Corée du Nord lors de la guerre au Vietnam (1955-1975), ainsi que pendant la guerre de Kippour (1973) au côté de l’Égypte, montre un manque de connaissances de guerre modernes. De ce fait, la guerre en Ukraine pourrait aider à acquérir de nouvelles méthodes, comme l’usage des drones, par exemple.

Toutefois, le Kremlin continue de nier ces affirmations. Moscou dément fermement la présence de soldats nord-coréens sur le sol ukrainien, qualifiant ces informations de rumeurs infondées. Pourtant, cette dénégation ne suffit pas à rassurer les pays occidentaux, qui redoutent une extension du conflit au-delà des frontières actuelles.

Cette alliance naissante entre la Russie et la Corée du Nord pourrait avoir des conséquences géopolitiques profondes. En effet, en s’impliquant dans un conflit européen, Pyongyang élargit son influence au-delà de la péninsule coréenne et renforce son image de partenaire clé dans l’axe anti-occidental. Pour certains analystes, cette situation pourrait mener à une reconfiguration des relations internationales, avec un renforcement des alliances entre les régimes autoritaires.

Le soutien militaire de Pyongyang à Moscou constitue donc une nouvelle étape dans la guerre en Ukraine, qui, au-delà des frontières européennes, mobilise de plus en plus des acteurs internationaux.