Photo : TotalEnergies
Dans le paysage énergétique français, une annonce récente attire l’attention : la construction d’une usine géante de panneaux solaires dans le Doubs par le groupe chinois DAS Solar. Prévue pour 2025, cette initiative représente un investissement de 109 millions d’euros et prévoit la création de 450 emplois directs. Ce projet symbolise non seulement un souffle industriel pour la région, mais aussi un pas stratégique vers une souveraineté énergétique renforcée en France.
Un projet ambitieux aux multiples implications
Cette usine produira chaque année 3 GW de panneaux solaires, en s’ajoutant aux 20 GW de la capacité installée actuelle en France. Selon DAS Solar, cet investissement s’inscrit dans une stratégie visant à répondre à la demande croissante d’énergie renouvelable en Europe tout en réduisant la dépendance aux importations asiatiques. Bien que l’entreprise soit chinoise, elle promet de respecter les normes européennes strictes en matière de durabilité et d’impact environnemental.
Un choix stratégique pour la localisation
Le Doubs, région au riche passé industriel, a été choisi pour ses infrastructures adaptées et sa position stratégique proche des grands marchés européens. Parmi les autres candidats, nous retrouvons l’Allemagne et l’Espagne, mais c’est la France qui a “remporté le concours”, grâce aux subventions publiques et les incitations fiscales offertes par les autorités locales et nationales. Le projet prévoit également de générer des emplois directs et indirects, la condition imposée par le gouvernement français, dans des secteurs connexes tels que la logistique, la maintenance ou encore la recherche et développement. Au total, entre 450 et 600 emplois vont être créés à court terme, avec un potentiel de 2 500 emplois à long terme.
Un levier pour l’indépendance énergétique ?
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des ambitions européennes d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et de réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et des importations. Cependant, certains experts mettent en garde contre une forme de “greenwashing industriel”, rappelant que l’Europe reste dépendante des technologies et des matériaux produits en Chine, notamment pour les composants-clés des panneaux solaires.
Si ce projet suscite de l’enthousiasme, il soulève également des interrogations. Peut-on parler de véritable réindustrialisation lorsque l’initiative provient d’un acteur étranger ? Quelles seront les retombées pour le tissu industriel local et les PME françaises ? Ces questions montrent la nécessité de renforcer les capacités de production locales et de diversifier les partenariats technologiques pour éviter une dépendance prolongée.
Une dynamique internationale en marche
DAS Solar n’est pas seul à vouloir investir en Europe. Les initiatives similaires en Allemagne, en Espagne ou en Pologne témoignent d’une tendance où les entreprises asiatiques, notamment chinoises, diversifient leurs bases de production pour contourner les coûts élevés de transport et répondre aux normes environnementales locales. Il s’agit, par exemple, de l’entreprise chinoise Sany, qui s’est installée en Allemagne en 2011, en rachetant la marque Putzmeister à l’entreprise allemande, spécialisée dans les pompes à béton. Les investissements de ce type permettent à l’Europe de combler une partie de son retard dans la fabrication de technologies renouvelables tout en limitant sa dépendance aux importations. Cela pose cependant des défis stratégiques : bien que les usines soient implantées localement, la propriété intellectuelle, les technologies-clés et certains matériaux restent souvent contrôlés par les investisseurs étrangers.
La course mondiale à la transition énergétique pousse de nombreux acteurs asiatiques à implanter des usines sur le continent européen. D’une part, les marchés européens offrent une stabilité économique et une demande en constante augmentation pour les technologies vertes, notamment dans le domaine photovoltaïque. D’autre part, des politiques publiques favorables, telles que des subventions, des crédits d’impôt, ou encore des stratégies de souveraineté énergétique, renforcent l’attractivité du continent. Le projet de DAS Solar s’inscrit donc dans une dynamique plus large où l’Europe devient un terrain d’expérimentation pour une énergie plus verte et locale.
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