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Débat autour d’un éventuel déploiement de soldats français en Ukraine

Par : Yuliana Glazunova - le 29 novembre 2024


Photo : Tanguy Vabatte/MAXPPP

Dans un contexte d'intensification des combats entre l’Ukraine et la Russie, la possibilité d’un déploiement de soldats français en Ukraine suscite un débat intense en France et à l’international. 

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a affirmé, lors d’une interview pour BBC le 23 novembre, que le gouvernement “n’écarte aucune option” de déploiement des soldats français sur le sol ukrainien. Il a également encouragé les dirigeants occidentaux à ne pas “fixer et [à] exprimer des lignes rouges” en matière de soutien à l’Ukraine.

Malgré la déclaration du Jean-Noël Barrot, le gouvernement français reste prudent sur le sujet. À ce jour, il n’existe aucun projet immédiat d’envoi de troupes en Ukraine. Pour exécuter une telle initiative, un vote au Parlement serait nécessaire, conformément aux exigences démocratiques du pays. 

Néanmoins, la coopération militaire entre la France et l’Ukraine, notamment par la livraison de matériel et la formation de soldats ukrainiens, continue de s’intensifier. Selon le ministère des Armées, entre le début de l’invasion russe le 24 février 2022 et le 1er mai 2024, la France a livré pour une valeur totale de 3,035 milliards d’euros d’équipements militaires à l’Ukraine. À cela s’ajoutent 2,1 milliards d’euros versés par la Facilité Européenne pour la Paix (FEP), soit un soutien total de plus de 5,135 milliards d’euros. En outre, plus de 14 000 soldats ukrainiens ont été formés sur le sol français. "C'est la première fois que nous formons une brigade complète de soldats étrangers depuis la Seconde Guerre mondiale," a déclaré Jean-Noël Barrot le 24 novembre à France 3.

 

Soutien ou provocation ?

Ce “soutien sans limites” à l’Ukraine risque d’avoir de lourdes conséquences pour la France et pour l’Europe. Une escalade directe avec la Russie sera donc inévitable, touchant aux principes fondamentaux de souveraineté et de sécurité européenne. Il est important de ne pas franchir le “point de bascule” où l’implication occidentale pourrait être perçue par Moscou comme un casus belli.

La Russie a déjà dénoncé toute intervention occidentale comme une tentative de “provocation” et a averti des conséquences graves si des soldats étrangers se trouvaient engagés directement sur le sol ukrainien. À l’inverse, les alliés de Kiev, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, encouragent les soutiens robustes mais mesurés pour éviter un conflit ouvert avec Moscou.

D’autres pays européens, comme la Pologne, ont déjà montré leur engagement avec une assistance plus marquée sur le terrain, notamment en matière de logistique et de renseignement. Cela met une pression accrue sur la France, souvent perçue comme une puissance militaire clé dans l’Union européenne. Pour le moment, l’idée d’un envoi direct de troupes reste minoritaire dans le paysage politique français, où la priorité est donnée à des formes indirectes d’aide.

 

Au-delà de la question immédiate de l’envoi de troupes, ce débat reflète une interrogation plus large sur la place de l’Europe dans la gestion de sa propre sécurité. La guerre en Ukraine est devenue un test pour l’autonomie stratégique européenne, un concept souvent évoqué, mais rarement mis en œuvre dans les faits



Yuliana Glazunova

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Diplômée d’un Master en Études européennes et internationales de l’université Paris-Nanterre en 2023, elle se spécialise en géopolitique de l’espace Eurasie. Également chargée de veille Asie Centrale - Acteur chinois au sein de l’Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie, ses études portent sur les relations diplomatiques, les échanges commerciaux et les problématiques sociologiques des pays de la zone eurasiatique.


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